La Kabylie est située approximativement au nord-est de l'Algérie. Vous trouverez une carte ci-dessous.

L'espace que recouvre la Kabylie n'est pas fixé. Pour certains, elle est l'aire linguistique où se parle le kvayelith, langue du groupe "berbère"; pour d'autres, elle va de la limite orientale de la Mitidja jusqu'au massif de Collo, bien plus à l'est. La définition est d'autant plus ardue que jamais l'histoire ne nous en donne une définition claire. Pour les auteurs anciens arabes, il s'agit du « pays des tribus », mais à cette époque l'aire berbérophone était beaucoup plus étendue.

Lors de la colonisation française, elle a été divisée en deux entités administratives : la « Petite Kabylie » qui occupe la côte, et la « Grande Kabylie » zone montagneuse comportant les montagnes de la Djurjura. A l'indépendance de l'Algérie, elle est divisée en trois willayas (départements) : Tizi Ouzou, Béjaïa et Bouira. En 1984, il s'ajoute une quatrième willaya, celle de Boumerdès, qui reprend une partie de la Kabylie et des régions auparavant rattachées à la wilaya d'Alger. Une grande partie de sa population est effectivement constituée de kabyles.


La Kabylie présente une grande homogénéité géologique : elle est occupé par trois plissements montagneux, la Djurdjura, les Bibans, et plus à l'est, les Babors. Quant à la côte, elle est bordée par un jeu de faille, qui se poursuit à l'ouest vers Alger. Ces montagnes sont jeunes : elles sont le contrecoup en Afrique qu Nord des plissements alpins et pyrénéens en Europe, qui ont débuté il y a environ cinquante millions d'années. Elles font partie d'un grand ensemble montagneux qui barre toute l'Afrique du Nord et se poursuit jusqu'au Maroc par la chaîne de l'Atlas. Elles sont dues à l'affrontement des plaques tectoniques africaines et européennes. Ceci explique leur relief très découpé. Elles continuent de s'élever de quelques centimètres par an.

Ce socle montagneux met la Kabylie relativement à l'abri des séismes. En revanche à l'ouest, Boumerdès est situé sur une faille qui rentre ensuite dans les terres, au sud d'Alger et qui est connue pour être très active. C'est elle qui est responsable du terrible séisme de 2003 (magnitude supérieure à 6,3), qui a été ressenti également à Tizi Ouzou et Béjaïa. Cette faille, à l'est, longe tout le littoral jusque Béjaïa et Jijel, au sein d'une profonde fausse sous-marine dont, par endroit, la profondeur dépasse les deux milles mètres. Elle remonte ensuite vers le Nord, sous la mer Méditerranée, vers la Sicile et l'Italie, où l'on trouve des volcans importants, tels l'Etna et le Vésuve. Il s'agit d'une zone dite de subduction. L'Afrique et l'Europe se rapprochent de quelques centimètres par an.

On peut donc diviser la Kabylie en deux grands ensembles :

La Kabylie du Djurdjura. Elle est délimitée au nord par la Méditerranée, à l'est et au sud par la vallée de la Soummam, à l'ouest par Oued Isser. Elle est constituée d'une chaîne montagneuse, le massif du Djurdjura qui est en grande partie constitué de calcaires. Son point culminant est de 2308 mètres. Il descend vers la Méditerranée par des sursauts montagneux. Les deux massifs principaux de la Djurjura sont la Djurjura centrale et le massif de Yakhouren, extension de cette chaîne vers le littoral, entre Yakhouren et Béjaïa. Toute la zone côtière est, quant à elle, constituée de grès extrêmement anciens, qui correspondent au socle primaire de l'Afrique.
Cette partie de la Kabylie est actuellement celle de la Willaya de Tizi Ouzou. Quatre vingt pour cent de son territoire sont constitués de reliefs montagneux, et l'altitude moyenne est de 800 mètres.
Au sud-ouest la chaîne des Bibans est appelée aussi les "Portes de fer", dénomination qui provient des Romains. Cette montagne ouvre au Sud, sur un pays semi désertique, vers le Chott Hodna.

La Kabylie des Babors. Elle désigne une région littorale que limitent à l'ouest la vallée de la Soummam, à l'est celle de l'Oued el-Kebir. Elle s'étend sur les wilayas de Bejaïa et de Jijel. Le point culminant du massif des Babors atteint 2004 mètres. Il est constitué d'assises jurassiques et de calcaires liasiques (fin du trias). La montagne tombe souvent à pic dans la mer et forme une côte très découpée appelée "Corniche kabyle" ou "Corniche jijelienne". On y trouve des caps et des falaises. La région comporte également des grottes et des gouffres. Son orogenèse est contemporaine des montagnes de la Djurjura et des Bibans.

Les calcaires se sont créés à l'ère secondaire, il y a plus de cent millions d'années, alors qu'une mer occupait la Kabylie. Il y régnait un climat équatorial, et les dépôts calcaires atteignent des centaines de mètres d'épaisseur. A la fin de l'ère secondaire et durant l'ère tertiaire, l'orogenèse a provoqué une remontée des terrains de plusieurs centaines de mètres(1). C'est la raison pour laquelle on trouve en Kabylie des marbres de grande qualité. Il s'agit de calcaires compressés par les mouvements des terrains. Au début de l'élévation des terrains, au crétacé, la région a dû être couverte par une mer peu profonde, voir de grand marécages côtiers, comme en témoigne les dépôts schisteux et détritiques importants. On les retrouvent autant en Djurjura que dans les Bibans. Dans bien des endroits on trouve aussi de l'argile. Elle remonte au début de la remontée des terrains, quand une mer peu profonde existait encore, au début de l'ère tertiaire. Cette argile est un sédiment détritique qui provient de la première phase de l'élévation de ces montagnes.

La succession des dépôts géologiques de plus en plus jeunes du Nord au Sud (et qui se poursuit ensuite avec les dépôts tertiaires puis quaternaires en l'Algérie centrale et saharienne) est typique d'un plissement montagneux de type alpin. Il s'agit d'une puissante nappe de charriage. L'affrontement entre les plaques tectoniques africaines et européennes ont amené le soulèvement de toute la partie nord, entraînant la mise à jour du socle primaire sur la côte. Le mouvement tectonique a conduit à l'érosion des terrains secondaires et tertiaires sur les deux axes montagneux des montagnes de la Djurdjura et Bibans, mais aussi à un glissement de ses terrains au sud.